Après une première expédition en 1985, où l'Ifremer avait répéré l'épave du transatlantique grâce à la technologie de son SAR et à une panoplie d'outils d'intervention sous-marine, une nouvelle équipe franco-américaine appareille en août 1987 pour deux mois de recherche et de reconnaissance à bord du Nadir. Le Nautile et son robot d'inspection Robin sont mis à contribution.
Ils effectuent 32 plongées, totalisant plus de 156 heures sur le fond, permettant ainsi la réalisation de plus de 12 000 photos, de milliers de mètres de bande vidéo et la collecte d'environ 800 objets.
Les équipes de l'Ifremer et de Genavir replongeront sur l'épave du Titanic en 1993, 1994, 1996 et 1998.
Voici une interview de Patrice Lardeau, Responsable des Relations publiques du Centre Ifremer de Méditerranée, 2004 :
- Quelle est l'origine de cette nouvelle expédition ?
PL : Pour replonger sur l'épave, il fallait les meilleurs moyens technologiques disponibles. Le Nautile français a donc été préféré à l'Alvin américain par l'équipe qui effectuait la mission, car ses performances pour faire des prélèvements avait été jugée meilleure.
- A la vue du Titanic, quelles sont les premières impressions de l'équipe qui voit ces images en direct ?
PL : Effectivement, il y a plusieurs types de réaction ! Pour le pilote du Nautile, une épave est une zone dangereuse. Il doit faire attention où il met ses hélices. Pour moi, comme j'ai été associé aux études destinées à retrouver l'épave dès 1984, je n'ai pas trouvé une épave morte, mais bien vivante grâce aux témoignages laissés par les survivants.
- Durant cette mission, 800 objets ont été collectés. Que trouve-t-on sur ce genre de paquebot ?!
PL : Nous nous étions engagés à ne prélever aucun objet personnel. Nous avons juste ramassé ce qui était autour de l'épave : de la vaisselle, de l'argenterie, des peignes, des brosses en ivoire, des miroirs... Nous avons trouvé également des objets liés à la navigation du bateau : des transmetteurs d'ordre, un porte-voix de l'officier de bord... Ce sont des objets qui peuvent paraître dérisoires, mais qui à cette profondeur et dans ce contexte, prennent une importance tout à fait particulière. Le Titanic est grand par sa multitude de petites choses.
- A quoi ces objets ont-ils servi par la suite ?
PL : D'abord, ils étaient particulièrement fragiles puisqu'ils sont quand même restés 75 ans dans l'eau ! Ils ne pouvaient pas être exposés à l'air libre. Une fois remontés, ils ont été mis dans de grands bacs d'eau, où ils sont restés jusqu'à la fin de la mission. Ils ont été récupérés ensuite par EDF à leur arrivée en France qui les a remis dans leur état d'origine. L'électrolyse a été retenue pour tout ce qui était métallique et l'électrophorèse pour tout le reste, notamment le cuir. Ces objets sont stockés aux Etats-Unis et font l'objet d'expositions ponctuelles. Le rêve continue... !
Source : http://www.ifremer.fr/com/20ans/annee/1987.htm